En août 1949, à une époque difficile pour nos deux pays, j'ai rencontré pour la première fois Robert Schuman. Cette rencontre était le début d'une amitié personnelle qui nous a intiment liés et qui reposait sur l'entière similitude de nos idées.
Mais cette première rencontre, je peux me permettre de le dire aujourd'hui, posait la pierre fondamentale de l'oeuvre par laquelle nos deux pays se sont liés en janvier 1963 : le traité franco-allemand.

Robert Schuman était à la fois un idéaliste et un réaliste. Il avait ressenti dans sa propre personne la tragédie séculaire de l'histoire de l'Europe.

Cette expérience personnelle lui montra le chemin qu'il a reconnu pour vrai et qu'il a suivi sans dévier afin de surmonter la crise européenne : l'amitié entre nos deux peuples.

Pour Robert Schuman le rapprochement franco-allemand est en même temps la date de naissance de l'Europe. C'est pour cela qu'il déclarait dans son discours historique du 9 mai 1950, dans lequel il commentait le but et l'utilité du Plan qui porte son nom :

"L'Europe se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée".

Cette initiative éblouissante et téméraire de Robert Schuman était un acte politique d'une signification extraordinaire. Elle lui assure une place historique parmi les grands Français et les grands Européens.

L'oeuvre de Robert Schuman ne s'est pas arrêtée, elle s'est épanouie en des fleurs nouvelles qui toutes ensembles ont contribué à rapprocher plus étroitement nos deux peuples et à faire que l'Europe Unie devienne une réalité.


Konrad ADENAUER
^{Extrait du n° spécial de France Forum publié en hommage à Robert Schuman n° 52 novembre 1963.
email : France-forum@udf.org}